Pacific Crest Trail : les difficultés (partie 1/5)

Pacific Crest Trail est une longue randonnée

Mathieu Jourjon, économiste, daltonien et fondateur de Mount Trail a parcouru des milliers de kilomètres à la marche, en kayak, dans de nombreuses expéditions et longues randonnées, relevant ainsi différents défis.À travers une série de 5 articles, il va partager avec vous son expérience vécue sur le Pacific Crest Trail (PCT) en 2016, en 115 jours et avec un budget étudiant très très très serré.  


Introduction


Le Pacific Crest Trail est un chemin de randonnée de 4240 km qui commence à la frontière du Mexique jusqu’au Canada. Ce chemin de longue randonnée appelé aussi « A Thru-Hikes » passe par les états de la Californie,Oregon et Washington. Il a été connu du public grâce au film Wild du producteur Jean-Marc Vallée. Cependant, il existait bien avant ! Mon ami Dave Fleischman a fait la PCT en 1993. À cette époque, seulement 15 personnes avaient commencé ce long chemin et le matériel de randonnée était très différent de celui d’aujourd’hui, ainsi que la signalisation. Seulement 6 ont terminé ce périple.

  

Camping sur le Pacific Crest Trail

Les difficultés


Les difficultés sont multiples dans cette grande aventure.En moyenne, un randonneur met 4,5 à 6 mois pour parcourir les 4240 km. Chaque randonneur est différent et, par conséquent, peut éprouver des difficultés différentes. Je suis parti le 15 mai 2016 et j’ai mis 115 jours (3,8 mois) pour parcourir les 4 240 km.


Voici une liste non exhaustive des difficultés que peuvent avoir les randonneurs du Pacific Crest Trail :


· Le temps – comme chaque sortie en randonnée, il faut prendre en compte les changements de température et de conditions climatiques qui peuvent surprendre. Vous traverserez de hautes montagnes et plusieurs déserts !

· La neige – la PCT passe par de nombreux sommets atteignant plus de 4000 mètres. La neige est toujours présente, même en plein été, et il est courant d’avoir des tempêtes de neige.

· L’orientation dans la neige – j’ai utilisé seulement une carte et une boussole. J’ai dû réfléchir lorsque les sommets étaient enneigés et qu’il n’y avait aucune trace. Les randonneurs avec un GPS se perdent sur certains sommets où la neige est fraîche.

· Matériel – l’ensemble du matériel de randonnée s’use durant la marche. J’ai moi-même cassé 5 bâtons de randonnée en 115 jours.

· Les problèmes physiques – le corps des randonneurs est mis à rude épreuve. Il faut avoir confiance en ses capacités physiques, écouter son corps et prendre soin de ses pieds (surtout au départ).

· La préparation – il faut passer des heures à se renseigner sur des blogues, des forums, des groupes Facebook ou encore à échanger avec des personnes expérimentées. Aujourd’hui, on trouve beaucoup d’informations sur ce chemin de randonnée.

· Le mental – marcher seul ou accompagné pendant de nombreuses heures est difficile. Il faut un mental solide pour continuer chaque jour malgré l’épuisement.

· Les rivières – elles sont nombreuses.Certaines rivières sont franchies grâce à des ponts, mais d’autres doivent être traversées à pied. La fonte des neiges rend les traversées périlleuses et dangereuses. Il préférables de passer les grosses rivières le matin, car le débit d’eau est plus petit.

· La nourriture – il faut maximiser le ratio calories / 100 grammes !

· L’eau – particulièrement dans le sud de la Californie, il faut avoir une stratégie rigoureuse pour ne pas manquer d’eau et pallier aux imprévus. Chaque année, un document sur ce sujet est mis à jour par les randonneurs au cours de leur périple.

· Ours – comme souvent, cet aspect est surestimé dans la gestion des risques. Il faut faire attention, pendre sa nourriture et suivre tous les conseils des parcs. Si vous savez comment agir face à un ours, vous n’aurez jamais de problème.

· Moustiques – comme souvent, cet aspect est sous-estimé dans sa gestion des risques. Lorsqu’il y a des centaines,voire des milliers de moustiques autour de soi, le risque de mauvaises décisions, de blessures augmente. Il faut avoir l’équipement nécessaire pour se protéger de la tête au pied. Ne comptez pas sur du produit répulsif pour avoir la paix.

· Les serpents à sonnette – vous pouvez en trouver dans le Nord et le sud de la Californie. Les serpents à sonnette produisent un son sourd lorsque vous êtes proches d’eux. Malheureusement, il n’y a pas grand-chose à faire pour les éviter. Faire du bruit avec ses bâtons, être vigilant, avoir des pantalons longs, ne pas écouter de musique,taper des pieds lorsque vous pensez qu’il peut y en avoir. À noter que les jeunes serpents à sonnettes sont les plus dangereux, car ils dosent mal leur venin. Beaucoup d’attaques se font sans venin, juste une morsure, car le serpent sait qu’il ne pourra pas vous manger et donc n’utilise pas son venin. 

· Le poids – chaque gramme du sac à dos doit être compté afin de pouvoir parcourir les nombreux kilomètres. La philosophie de l’ultraléger prend tout son sens.

· L’orientation – bien que le chemin soit parfaitement balisé, il n’est pas toujours facile de s’orienter dans la neige ou sur certaines sections. Vous pouvez prendre un GPS, mais dans tous les cas, prenez une carte et une boussole. Sécurité 101.

· La logistique – ce n’est plus un problème dans les longues randonnées (SIA, PCT, AT, CDN). Les dépanneurs et les commerces locaux ajustent leurs stocks pour vous. Au pire des cas, vous allez payer un peu plus cher ou faire un peu plus de pouce, mais vous pourrez trouver de quoi vous nourrir, sauf si vous avez besoin de nourriture spécifique ou de médicament. Vous pouvez gérer la logistique de nourriture en faisant des ravitaillements sur le pouce.



En conclusion


Il n’y a aucun défi ou obstacle qui ne puissent être surmontés dans la vie ou sur un chemin de randonnée. La planification, la préparation physique et surtout mentale ainsi que l’expérience (faire ses propres erreurs)sont des éléments à prendre en compte.


À chaque fois que je pars en expédition ou sur des chemins de longue randonnée, je me répète la même phrase pour avancer: « Il faut simplement mettre un pas devant l’autre. » Je répète cette phrase encore et encore!


Pour marcher 30 km par jour sur les côtes de la baie de Hudson, pour marcher plus de 40 km par jour sur la PCT, pour affronter les montagnes enneigées du Québec, ou encore pour grimper dans les montagnes du Caucase - j’ai toujours cette même phrase : « Il faut simplement mettre un pas devant l’autre. »


Nous en sommes tous capables !

 

L’équipe de Mount Trail

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